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Anxiété : comment aider les jeunes à la gérer ?

Résumé du lunch-santé animé par Steven Derendinger

Steven Derendinger est sexothérapeute et spécialiste en santé sexuelle, praticien en coordination respiratoire MDH et coordinateur, trainer et instructeur ensa - Premiers secours en santé mentale. Lors de ce lunch-santé, il a mis un point d’honneur à déstigmatiser la santé mentale afin de détecter plus précocement les troubles anxieux chez les adolescent-e-s et permettre une meilleure prise en charge. Il donne aussi des pistes pour ouvrir la discussion sur ce sujet pas toujours évident à aborder et des clés de compréhension des mécanismes sous-jacents aux troubles anxieux.

La santé mentale : c’est quoi ?

Ce que signifie être en bonne santé mentale est extrêmement individuel. On peut s’imaginer cela comme un équilibre constamment en mouvement qui se déplace sur un continuum dont la santé et la maladie mentale sont aux deux extrémités. Mais ce n’est pas parce que l’on se situe du côté de la maladie mentale, que l’on ne peut pas ressentir de bien-être. Ainsi, la santé mentale va bien au-delà de l’absence de maladie mentale. Par exemple, une personne souffrant de troubles anxieux peut développer des outils afin de gérer son anxiété lui permettant de retrouver une vie épanouissante. Cependant, cette fragilité l’accompagnera toute sa vie durant, c’est pourquoi on parle de rétablissement plutôt que de guérison. Se rétablir, c’est apprendre à vivre avec ses vulnérabilités en s’appuyant sur ses ressources.

 

Détresse psychique et adolescence

L’adolescence est une période clé dans l’émergence des premiers symptômes de troubles psychiques. En effet, 50% des personnes concernées par des troubles psychiques ont vu leur premier épisode survenir avant l’âge de 18 ans et 75% avant l’âge de 20 ans. C’est dire l’importance de savoir identifier les signes précoces de ces troubles et de pouvoir orienter la personne vers l’aide dont elle a besoin. Ce d’autant plus que plus vite est pris en charge un trouble psychique, plus grandes sont les chances de se rétablir.

Malheureusement, la prise en charge est bien souvent tardive. Le tabou, l’étiquetage et les représentations négatives qui y sont liées découragent bien souvent les personnes à chercher de l’aide. Elles vont donc mettre en place des comportements de compensation afin de dissimuler et pallier leurs difficultés. Or, ces derniers sont coûteux en énergie et risquent de mener la personne à une décompensation.

Dans le cas des adolescent-e-s, il n’est pas toujours facile de faire la différence entre des manifestations habituelles de la puberté et les premiers signes d’un trouble psychique. Ainsi, il est important de se faire confiance et d’être attentif-ve aux changements de comportements observables qui s’ancrent dans le temps tels que : isolement, irritabilité, fatigue, négligence, diminution ou augmentation de l’appétit, chute des notes, perte d’intérêt pour ses loisirs et activités.

Face à ces signes, on peut ne pas savoir quoi dire ou quoi faire, de peur de s’immiscer dans l’intimité de la personne et de se mêler de ce qui ne nous regarde pas. Mais il faut essayer d’aller au-delà de ce sentiment d’illégitimité ou de gêne, car il est important de briser le tabou. De plus, reconnaître et parler de la souffrance psychique de quelqu’un ne la renforce pas, bien au contraire, cela contribue la plupart du temps à soulager la personne qui ne se sent, pour un temps au moins, plus tout à fait seule face à sa détresse. Finalement, parler de ses propres difficultés psychiques permet également de normaliser le fait de ne pas aller bien et donne la possibilité à ses proches d’eux aussi s’ouvrir sur leurs difficultés.

Et un trouble anxieux ?

Les troubles anxieux sont courants puisque 15-20% de la population en souffrira une fois dans sa vie. De plus, ils sont plus fréquents durant l’enfance et l’adolescence qu’à l’âge adulte, mais la pose du diagnostic est souvent tardive. Il existe plusieurs types de troubles anxieux, qui souvent se combinent.

L’anxiété tient sa racine dans l’émotion de peur. Cette dernière est nécessaire car elle permet de mobiliser notre corps lorsque nous faisons face à un danger imminent. Mais notre cerveau ne fait pas la différence entre un danger imminent et la perception d’un danger. Cette absence de distinction peut amener à une souffrance importante lorsque cette peur devient inexplicable, excessive et incontrôlable. C’est alors un cercle vicieux qui se met en place, les situations perçues comme menaçantes devenant de plus en plus nombreuses. Face à la peur d’avoir peur, les personnes ont tendance à éviter les situations perçues comme dangereuses, réduisant de plus en plus leurs activités, cela pouvant les conduire à ne plus sortir de chez elles.

De plus, le cortisol, une hormone sécrétée lorsque l’on vit un stress émotionnel, est bénéfique en petite dose, mais a un effet toxique sur le cerveau lorsque le stress est chronique, car sécrétée à haute dose. En effet, cela va atrophier la zone préfrontale, siège des fonctions exécutives, mais également l’hypothalamus (émotions) et l’hippocampe (mémoire). On comprend alors que les personnes qui ont un trouble anxieux peuvent oublier des choses, rencontrer des difficultés à se concentrer ou encore être irritables.

Un exemple de trouble anxieux est l’attaque de panique. Très impressionnante par ses symptômes, elle donne la sensation à la personne qui la vit qu’elle est en train de mourir (transpiration, sensation d’étranglement, palpitations, peur de perdre le contrôle, gêne thoracique et/ou abdominale etc.). Si elle ne met en réalité pas la vie de la personne en danger, ses symptômes sont identiques à ceux d’un AVC. Si vous avez le moindre doute, appelez le 144, car il est impossible de faire la différence entre les deux.

Comment aider les jeunes ?

Il est important de prendre l’anxiété au sérieux tout en normalisant le fait de rencontrer des difficultés psychologiques afin d’encourager les personnes à demander de l’aide et permettre une prise en charge précoce. Il est également central de faire de la prévention et de la promotion en santé mentale dans les écoles afin que les jeunes disposent d’informations à ce sujet et puissent poser les questions qui les habitent.

Enfin, nous ne répéterons jamais assez que vous connaissez les jeunes qui vous entourent et qu’il n’y a pas mieux placé que vous pour repérer les changements de comportements liés à un trouble psychique. Faites-vous confiance et tentez d’ouvrir la discussion. Parler de détresse psychique ne la renforce pas, bien au contraire, cela brise le silence qui est au moins autant difficile à porter que le trouble psychique lui-même.

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