Quand un·e jeune va mal, que puis-je
faire ?
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​​​​​Résumé du lunch santé donné par Maïlys Mayor
et Stéphanie Delévaux, conseillères au 147, Pro Juventute
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Comment fonctionne le 147 ?
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Le 147 est un numéro de téléphone d’aide gratuit, pour les enfants et adolescent∙e∙s (0 à 25 ans) rencontrant des petits et grands soucis. Des conseiller∙ère∙s répondent à leurs questions et les aide à résoudre leurs problèmes, ceci 365 jours par an et 24 heures sur 24. Cette aide est également accessible par WhatsApp, 365 jours par an, de 8h30 à 22h30, par chat et par courriel. Les conseiller∙ère∙s proposent des suggestions, apportent leur point de vue, et prodiguent des conseils pour prendre contact, si besoin, avec des services spécialisés. Les échanges sont confidentiels, mais si les conseiller∙ère∙s évaluent que le∙la jeune peut en venir à se mettre en danger ou menacer la santé d’autrui, ils∙elles peuvent appeler une aide extérieure (urgences de l’hôpital, police).
Les proches de jeunes en souffrance peuvent également contacter le 147 pour recevoir de précieux conseils, afin de recevoir du soutien pour leur venir en aide.
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Quelques statistiques qui démontrent l’importance du travail effectué par le 147
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Le premier semestre 2024 a été intense pour les conseiller∙ère∙s du 147, qui ont été sollicité∙e∙s par 13 jeunes par jour en moyenne. Ceci constitue une augmentation de 73% par rapport à la même période de 2023, ce qui correspond à environ 24’000 appels par année. 46 % des jeunes qui ont eu recours aux services du 147 l’ont fait pour des problèmes personnels, comme l’anxiété et l’automutilation, mais également pour des pensées suicidaires. Le thème du suicide touche de nombreux jeunes en Suisse : 20% d’entre eux∙elles ont déjà pensé à mettre fin à leurs jours et 5% ont déjà tenté de se suicider. Malheureusement, un jeune se suicide tous les 2 à 3 jours dans notre pays et ceci constitue la deuxième cause de mortalité pour la tranche d’âge 15 -24 ans et la première cause de mortalité pour les jeunes entre 20 et 24 ans. Néanmoins, l’immense travail de prévention réalisé au cours des dernière années a porté ses fruits car le taux de suicide a baissé de 50% en 15 ans ; la Suisse se situe actuellement dans la moyenne européenne. Les conseiller∙ère∙s du 147 nous ont rappelé que nous avons toutes et tous un rôle à jouer pour continuer à faire en sorte que cette tendance à la baisse se poursuive.
Quel sont les facteurs de risque suicidaire chez les jeunes ?
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Pour conseiller un∙e jeune qui va mal, il est important de nous intéresser au contexte dans lequel il∙elle vit, comme :
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Est-ce qu’il∙elle a déjà tenté de se suicider par le passé ?
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Appartient-il∙elle à la population LGBTQIA+ ?
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Y a-t-il des violences dans sa famille, des abus sexuels, de l’inceste ?
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Est-il∙elle issu de la migration ?
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Suspecte-t-on un trouble psychique chez lui∙elle ou chez un membre de sa famille ?
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A-t-il∙elle vécu le suicide d’un proche ?
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Consomme-t-il∙elle de la drogue ?
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Les enquêtes ont en effet démontré que ces différents facteurs constituent des risques supplémentaires qui jouent un rôle dans un possible passage à l’acte suicidaire.
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Que faire quand un·jeune va mal, et comment entrer en contact : Les conseillères Maïlys Mayor et Stéphanie Delévaux du 147 partagent leur savoir-faire
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Pour entrer en contact avec un jeune qui partage ses difficultés et tisser un lien de confiance, il est important de lui montrer que nous allons prendre le temps, ne le jugerons pas et que nous prenons sa demande au sérieux. Il s’agit avant tout de s’intéresser à ce qu’il∙elle vit et de l’inviter à se confier, tout en le∙la remerciant pour sa confiance. Il ne faut pas craindre de poser des questions pour que le∙la jeune puisse expliciter ses préoccupations. Pour cela, les questions ne devraient pas commencer par « Pourquoi », car les causes du mal-être ne sont souvent pas identifiées.
Il est ainsi important que nous parlions en « Je », afin d’exprimer notre propre inquiétude par rapport à ce que le∙la jeune vit, tout en évitant de donner rapidement des conseils, qui pourraient clore prématurément la discussion. Par exemple, il possible de dire : « J’ai remarqué que tu te mets en retrait, tu ne participes plus comme avant aux activités… Je me fais du souci pour toi. Si tu en as envie, on peut prendre le temps pour en parler ?». Cette entrée en matière peut permettre au∙à la jeune de comprendre qu’un adulte a remarqué ses difficultés, que nous nous soucions de lui∙elle. Nous pouvons également lui demander quels sont ses besoins et comment il∙elle souhaite qu’on lui vienne en aide. Si le∙la jeune a lui∙elle-même demandé de l’aide, il est important que nous en soyons reconnaissant·es.
Les intervenantes du 147, Maïlys Mayor et Stéphanie Delevaux conseillent en effet de partir des compétences et ressources des jeunes en leur demandant : « Qu’est-ce que tu as déjà fait pour aller mieux ? ». Cela permet ainsi d’identifier leurs ressources, de savoir s’ils∙elles sont entouré∙e∙s et de les inviter à mobiliser les ressources qui leur sont propres. L’idée principale est de permettre au∙à la jeune de reprendre espoir en lui∙elle, en ses ressources et en les personnes de son entourage. Nous avons également la possibilité de proposer au·à la jeune de contacter, ensemble, des ressources externes, des professionnel∙le∙s de la santé, qui pourraient l’aider de manière plus approfondie.
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Parler de suicide : une démarche difficile mais nécessaire pour le prévenir efficacement
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Les conseillères du 147, Maïlys Mayor et Stéphanie Delevaux nous ont parlé d’un certain nombre de mythes concernant le suicide, qu’il est primordial de déconstruire. Tout d’abord, le fait de parler de suicide avec une personne qui a pensé mettre fin à ses jours ne va pas l’inciter à passer à l’acte : bien au contraire. Il est important de mettre des mots sur la détresse ressentie en demandant, par exemple : « Est-ce que tu as envie de mourir maintenant ? ». Il est également primordial que nous soyons attentif∙ve∙s aux petites phrases comme : « J’aurais préféré ne pas me réveiller ce matin. », car cela indique que le∙la jeune est en grande souffrance et qu’il∙elle a grand besoin d’en parler. Un autre mythe concernant le suicide est qu’une personne qui en parle ne passerait pas à l’acte. Le fait d’en parler constitue un appel à l’aide, qui, s’il n’est pas entendu, peut aggraver la détresse et amplifier la volonté de mettre fin à la souffrance, par le suicide. Mais les personnes qui mettent fin à leurs jours n’en font jamais le choix : leur souffrance est telle, qu’ils∙elle ont l’impression de ne pas avoir de solution pour faire cesser leur douleur psychologique intense. Les intervenantes du 147 nous rendent attentif∙ve∙s que nous avons la responsabilité d’offrir des solutions alternatives. L’écoute non-jugeante et la prise au sérieux de leur témoignage sont plus importantes que les réponses que l’on pourrait apporter. Il est également nécessaire de ne pas rester seul∙e et de s’entourer, tout en proposant au∙à la jeune de rechercher de l’aide avec lui∙elle. De plus, après une discussion avec un∙e jeune en difficulté, il est important de lui demander ce qu’il·elle va faire et de lui proposer de le∙la revoir. Enfin, si le∙la jeune semble rester déterminé∙e à mettre fin à ses jours, il est de la responsabilité des personnes qui entendent ce message de s’adresser sans délai à un service d’urgence, comme la police (117) ou les urgences de l’hôpital (144).
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La relation est au centre d’une démarche d’aide
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Les adultes entourant les jeunes, que ce soit à l’école, dans les activités de loisirs, dans le cadre familial ou d’un apprentissage, peuvent apporter une aide importante aux jeunes qui montrent des signes de détresse. Les changements de comportements peuvent indiquer que le∙la jeune grandit et évolue, mais cela peut également signifier qu’il∙elle se trouve dans de grandes difficultés. Si nous remarquons un changement qui nous inquiète, il est important d’en parler avec le∙la jeune, car nous sommes, en tant qu’adultes, une ressource en cas de difficultés. Il est primordial d’établir un lien de confiance, sans jugement, tout en étant conscient∙e∙s de nos propres limites. Il est également central de dire au·à la jeune que si le secret qu’il·elle nous confie nous fait entrevoir qu’il·elle va se faire du mal ou faire du mal à autrui, nous avons la responsabilité de chercher de l’aide. En expliquant au·à la jeune que nous n’avons pas toutes les solutions, mais que l’on peut s’entourer pour mettre fin à une situation de détresse, nous montrons l’exemple et leur enseignons une compétence qu’il∙elle gardera toute la vie.
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